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Parfois, pour ne pas dire souvent, les conditions qui favorisent la création artistique en milieu scolaire se marient difficilement avec le fonctionnement académique. Être un.e artiste investi.e dans un projet personnel et significatif est un processus qui se contient difficilement dans la case horaire d’un cours de quelques heures par semaine. En ce sens et d’une façon pour le moins impromptue, le virus qui a bouleversé l’année scolaire n’aurait mieux su imposer les conditions de travail habituelles des artistes professionnel.le.s au sein des étudiant.e.s finissant.e.s de cette année.

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La tension constante entre le désir d’isolement et la sensation de solitude, l’éternelle négociation entre les impératifs pécuniers et les ambitions artistiques, l’incompatibilité technique entre les responsabilités quotidiennes et le temps nécessaire à l’éclosion d’une œuvre, le manque d’espace, physique autant que mental, et l’absence de structure organisationnelle qui demande une discipline à toute épreuve pour l’avancement de la moindre étape du projet sont toutes des problématiques que les artistes professionnel.le.s vivent au quotidien.

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Je suis d’autant plus fier de leurs réalisations à cet égard.

 

NEW YORK CITY

La grande particularité de la session d’hiver pour les finissant.e.s est bien entendu le projet qui s’arrime au voyage à New York. Accompagner chaque étudiant.e dans ce voyage est pour moi un privilège dont je suis immensément reconnaissant.  C’est une expérience d’une très grande densité pour ces apprenti.e.s-artistes: entrer directement en contact avec certaines des plus grandes institutions artistiques, voir pour la première fois « en vrai » les coups de pinceau sur la toile d’une œuvre marquante jusqu’ici appréciée qu’à travers un livre ou un écran d’ordinateur, voir s’ouvrir quelques nouvelles perspectives en soi après la visite d’une galerie de quartier; vivre cette ville de telle façon est déjà éblouissant. Ils et elles auront, de surcroit, la consigne d’y concevoir une œuvre dont leur réussite scolaire dépendra fortement… en moins de cinq jours…

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Nous avons approché ensemble ce projet d’envergure selon trois axes de création rattachés à des visites que nous allions ensuite faire dans la métropole américaine : couleurs & formes, discours et processus. Ces axes de création, tout à fait permutables et poreux, avaient le double objectif d’engager une réflexion chez chacun.e des étudiant.e.s en termes de moteur créatif (« qu’est-ce qui est important pour moi dans l’élaboration d’une œuvre d’art ») et de découvrir certain.e.s artistes peut-être moins connu.e.s des étudiant.e.s comme Agnès Martin, Agnès Denes, Jules Olitski et William Pope L. , pour ne nommer que ces derniers.

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Comme suite à ces bases thématiques générales et diverses inspirations, les étudiant.e.s devaient trouver leurs propres avenues. De toute évidence, encore plus en temps de pandémie, les voies de la création ne se présentent jamais sans détour. Les idées de départ ont changé, les préoccupations se sont transformées, les vies ont été bouleversées. Conséquemment, la plupart des projets présentés aujourd’hui se tiennent à bonne distance des impulsions de départ et, ça aussi, est plus près de la réalité artistique professionnelle que n’importe quelle école en temps normal n’aurait su le démontrer.

 

5 000 000$

Comment donner un cours d’atelier à distance? Telle était la difficulté à surmonter. Devant l’impossibilité de s’assurer que toutes et tous aient accès à des ressources égales, l’évaluation de compétences techniques s’avérait d’emblée injuste. Ainsi, pour leur deuxième évaluation, j’ai proposé la création d’un projet fictif dans lequel j’octroyais un budget de 5 000 000$ à chacun.e des étudiant.e.s. Une fois encore, ce type d’exercice m’est apparu plus près de la réalité professionnelle artistique que je ne l’avais évalué au départ. Le quotidien d’un artiste est ponctué de conceptions de multiples projets (et on me pardonnera peut-être le pointe de cynisme) qui ne verront jamais le jour. Ce travail, considérable, est toutefois loin d’être fait en vain. Il est souvent le moteur d’avancées dans le développement des pensées, donc également des carrières artistiques.

 

J'estime que, bien que les conditions d’apprentissages de cette session fussent bouleversées au-delà de tout ce que nous aurions pu imaginer, je considère en toute humilité que les acquis de cette cohorte sont loin d’avoir été sacrifiés, au contraire. Aucun plan de cours préalable n’aurait mieux su les préparer à la vie d’artiste. J’estime que c’est un apprentissage extrêmement significatif pour elles, pour eux, mais aussi pour moi et le futur de mon enseignement.

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C.B.

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